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Vouhé à travers l’histoire.
A la demande de plusieurs habitants de Vouhé (Voyaçais et Voyaçaise), voici de larges extraits d’une intéressante étude de notre commune réalisée par un de ses anciens curés au début du siècle qui vient de s’achever.
Vouhé est une petite commune, située dans la vallée du Curé, pleine de fraîcheur et de végétation, au fond d’un bassin où viennent s’épancher les eaux de nombreuses fontaines qui arrosent son territoire. Voici quelques noms de ces fontaines: Fontaine Longe, Bois Fontaine, Fontaine de Chizelle, Fontaine-Paillezeau, Fontaine Saint-Bibien qui donne naissance au Gillaud et qui alimentait autrefois le monastère des Dames de Fontevrault. Le territoire de la commune, d’une superficie de 1.558 hectares, est bordé par Puyravault (Podim, Rivalli), Surgères, Podim et Poléon (Podium), Bouhet ainsi que par la forêt de Benon.
La vieille église romane domine la petite bourgade, dont les maisons blanchies à la chaux sont éparpillées à travers les jardins ombragés d’arbres fruitiers, comme un essaim d’abeilles à travers les vergers aux jours d’été... Deux ruisseaux traversent la commune le Curé et le Canal, alimenté par de nombreuses fontaines, qui va se jeter dans le Curé au Breuil. À Saint-Bibien, il y a une jolie chute d’eau encore utilisée pour la meunerie. Les eaux tracent de nombreux méandres à travers les jardins et vergers qu’elles arrosent. Beaucoup de maisons sont construites au bord de l’eau. La sinuosité des rues est due aussi aux caprices des eaux.
On compte de quatre à cinq cents habitants. La culture agricole a remplacé la vigne. On peut visiter la laiterie coopérative qui a été une des premières fondées dans le pays. Le beurre qu’on y fabrique a une grande renommée dans toute la région. Cette industrie apporte l’aisance et la vie à Vouhé et dans les communes voisines.
Comme pour la plupart de nos petites bourgades, l’origine de Vouhé se perd dans la nuit des temps. Nous n’avons ni témoins, ni écrits sur les premières peuplades qui ont habité notre vallon. Nous savons cependant que nos ancêtres les Gaulois y ont séjourné. Ce qui nous le prouve, c’est la grosse motte qui serait un tumulus selon l’avis général des savants qui en ont fait l’étude. Le tumulus est un amas de terre ou une construction en forme de cône, que les anciens élevaient au-dessus des sépulcres. D’ordinaire, ces sortes de tombeaux servaient aux chefs. Avec le corps du défunt, on y mettait tout ce qui lui appartenait: armure, bouclier, lance et même cheval.
D’ailleurs en Aunis et en Saintonge, il existe beaucoup de tumuli. Virson en compte deux ou trois. On en trouve aussi à Saint-Jean-de-Liversay, avec la célèbre Motte des Moindreaux. Le tumulus, terrain élevé, avait aussi son utilité en temps de guerre. La Motte de Vouhé, située au sommet d’une hauteur, domine Vouhé, Chizelle et même Puyravault. Elle servit de camp retranché pendant la guerre de Cent Ans. D’autre part, sur le vallon, on aurait trouvé des cornes de cerf. Autrefois, cet animal vivait en quantité dans la région, surtout dans la forêt.
De même, on compte parmi ces découvertes des pointes de flèche, des couteaux et des grattoirs en silex travaillé. La tradition rapporte que dans les terres de Bois Fontaine, dans la pièce qui longe la Grande Chênaie, on aurait trouvé des briques travaillées de main d’homme. Des savants y ont fait des fouilles. Le curé de Vouhé, en 1880, s’intéressant à la chose, y a fait pratiquer plusieurs tranchées pour couper le massif transversalement, et y a trouvé des fragments de boulets en pierre et en silex étranger au pays.
Par ici, par là, dans le jardin du presbytère en particulier, on a aussi trouvé quelques pointes de flèche en silex, des coups de poing et des haches en granit Comme toujours, la légende s’est mêlée à la tradition. Certains rapportent que le tumulus cache un trésor. A supposer que la chose fût vraie, le trésor serait mis à jour depuis longtemps, vu les nombreuses fouilles qui ont bouleversé le tumulus. Cependant si quelqu’un a eu la bonne fortune de le trouver, il ne s’en est pas vanté ! Du reste, nous y reviendrons.
Quant au nom de nos premières peuplades, nous l’ignorons. D’ordinaire, ces peuplades suivaient le cours des grands fleuves, vivant sur les rives, du produit de leurs nombreux troupeaux, de la chasse et de la pêche. Il n’est pas invraisemblable qu’une de ces peuplades ait remonté le cours de la Charente, que plusieurs familles aient suivi les sinuosités de la Gères, pour s’installer dans notre région et devenir ainsi le noyau de notre population de Vouhé dont le témoin sûr et incontestable serait la grosse motte, avec ses flèches en silex, ses couteaux et ses haches de pierre.
Maintenant, il nous faut arriver à l’époque gallo-romaine. Nous traversons la Benâtre, placée sur un coteau, et située entre Fontaines-Longes et les Hautains; ce coteau a été un des premiers habités.Benâte signifie (terra benita, terre bénite). Le Pont Buard (impraticable en hiver), le Chauffage, la Croix Bourreau, sont des lieux où on trouve des traces incontestées d’habitations gallo-romaines. Après la conquête de la Gaule par les Romains, César avait établi à Saintes, l’un de ses quartiers généraux. La sou¬mission des Gaulois une fois faite, la civilisation romaine pénétra le pays. On connaît les fameuses paroles de César qu’il faisait inscrire sur des tables de cire, après chacune de ses conquêtes : (Je suis venu, j’ai vu, j’ai vaincu. (Veni, vidi, vici).
Il faut encore noter l’existence d’une grotte souterraine mise à jour, par hasard, par le soc de la charrue, dans les terres de Bois-Fontaine, sur la pente du Tranchy, au lieu-dit « Les Justices ». On découvrit d’abord une ouverture circulaire bordée de grosses pierres, qu’on prit d’abord pour une margelle de puits. Les témoins et le propriétaire, naturellement intrigués par cette découverte, voulurent explorer ce puits mystérieux. Aussitôt, on fit un sondage, mais on ne trouva pas d’eau. On entreprit alors d’y descendre; ce qui fut fait avec beaucoup de précaution.
Quelle ne fut pas la surprise des explorateurs, une fois parvenus au fond de ce qu’ils croyaient être un puits, de découvrir une grotte souterraine, spacieuse, creusée en ovale, dont les parois étaient protégées contre les éboulements par une maçonnerie de pierres sèches, en forme de voûte, venant s’appuyer sur les grosses pierres qu’ils pensaient être une margelle.
En définitive, cette margelle n’était qu’une lucarne destinée à laisser pénétrer à l’intérieur l’air et la lumière nécessaires. Était-ce un puits, une citerne asséchée, une caverne anciennement habitée ? Les objets trouvés parmi les nombreux débris qui obstruaient l’intérieur semblent confirmer cette dernière hypothèse : 0s taillés en scie, couteaux, pointes de flèche, cornes de cerf travaillées, sont des témoins de temps très reculés. De plus, cette caverne a pu servir de refuge à une époque plus rapprochée de nous: elle a pu également être utilisée comme prison souterraine (oubliettes), elle n’a peut-être aussi qu’une simple cachette souterraine, comme on en creusait souvent au moment des guerres du Moyen Age pour dissimuler ce qu’on avait de plus précieux. Mais ici encore, pour le tumulus dit « La Grosse Motte », les témoins manquent les noms et la tradition orale seuls subsistent Dans les parages de Bois-Fontaine, en effet, la tradition rapporte l’existence d’un sou¬terrain. Mais, pour ce qui est de la découverte de la caverne citée ci-des¬sus, le témoignage provient d’une source digne de foi.
Il nous faut. maintenant aborder une époque plus proche de la nôtre pour trouver la trace des premiers groupements d’habitants.
Les tribus gauloises s’étant développées, d’errantes qu’elles étaient, durent s’établir là où il y avait des forêts, des pâturages et de l’eau, non seulement sur les rives des grands fleuves, mais aussi au fond des vallons et sur les bords des fontaines. Cela ne se fit pas sans rivalités, tensions et même guerres car la seule loi de ces peuplades barbares était la force.
C’est alors que César, général romain, profitant de ces divisions, enva¬hit la Gaule à la tête de ses légions et de ses machines de guerre. La conquête de la Gaule dura huit ans.
César parle des habitants de notre contrée pour la première fois dans son 111e Livre des Commentaires au chapitre XI ; il les qualifie d’« hommes soumis ». Si, avec la conquête romaine, ces peuplades encore barbares perdirent quelques-unes de leurs libertés, elles bénéficièrent en revanche, de la civilisation romaine avec la paix et même la prospérité (pax romana). C’est à cette époque que chaque tribu, ou partie de tribu, s’installa sur un domaine légal reconnu par la législation romaine, et que César fixa le siège de son gouvernement à Saintes (Mediolanum Santohum).
Il n’est pas téméraire de croire que César trouva déjà installées une ou plusieurs tribus aux sources de la Gères sous la protection de ce groupement plusieurs parties de tribus ou familles se seraient établies aux environs de là, les petits peuplements dans les vallées d’alentours, celle de Vouhé entre autres « Uiacco-villa » semble dater de cette époque; c’est un composé de celtique et romain qui veut dire « pays d’eau ». Aujourd’hui cette appellation aurait donné le nom de « Vouhé ».
À moins de retenir une autre hypothèse qui consisterait à admettre que le territoire de notre commune aurait été donné à un officier romain en récompense de ses services guerriers et que celui-ci aurait alors donné son nom au pays aurait pu s’appeler « Vohius » ou « Voyus ». Ce qui conduirait à incliner pour cette hypothèse, c’est qu’il existe en Gâtine (région centrale des Deux-Sèvres), non loin deMazières, une localité qui porte le même nom que celui de notre commune, avec la même orthographe, et également un gros village du nom de Puyravault.
Notre commune semble avoir eu, dès l’origine, deux centres principaux: la Benâte et les Fontaines. Ces lieux, comme d’ailleurs ceux de Hautains, Pont-Buard, le Chauffage, sont d’origine ancienne, comme le prouvent les nom¬breux vestiges de l’époque gallo-romaine que l’on y a découverts.
Pont Buard : Buard signifie « boueux », on trouve une orthographe différente, soit « u », soit « ou ». Ce pont, si on peut lui donner ce nom, n’avait rien de l’architecture de nos ponts modernes ce devrait être, tout simplement, une jetée, autrement dit un gué ou passage de rivière au moyen de grosses pierres posées à même le courant.
Le Chauffage ce semble être le lieu le plus ancien et le premier habité. A cet endroit, on a découvert de nombreux débris de poteries. Ce lieu semble avoir été un centre important d’industrie gallo-romain. Les fouilles pratiquées ont donné des résultats satisfaisants, on a trouvé, en effet, des morceaux de brique et de poterie. Un incendie a dû mettre un terme à cette fabrique puisqu’on a trouvé des charbons mélangés à de la terre ainsi que des grains d’orge et d’avoine. A trois pieds sous terre, on a mis à jour une fondation en pierres sèches ce lieu devait être le séchoir pour les tuiles et les poteries.
Tout porte à croire que les alentours de cette fabrique étaient habités par les ouvriers travaillant à cette industrie. De plus, toujours au même endroit, on a trouvé des morceaux de tuile, de teinte gris verdâtre, comme celles qu’utilisaient les Romains à cette époque, pour donner une teinte à leurs tuiles, ils les plongeaient dans un bain de sulfate de fer.
Ces recherches furent réalisées en 1878 par le curé de Vouhé. Comment expliquer que ce lieu habité fut ensuite délaissé ? Certains prétendent, selon une tradition, qu’il y eut là une grande bataille et que les hommes se battirent avec acharnement jusqu’aux deux derniers. Pour quel motif et à quelle époque ? Ils semblent que cela se soit passé à l’époque gallo-romaine.
On n’ose dire que ce soit une invasion normande qui soit à l’origine d’une telle razzia. Ce qui est certain, c’est que la popu¬lation délaissa alors ses habitations premières, en ruines, pour se reporter plus loin, sur le versant opposé, près des Fontaines, en direction de Puyra¬vault Ainsi, les habitants s’éloignèrent des espaces boisés.
C'est donc à La Benâte qu'il faut chercher l'origine la plus ancienne de Vouhé. C'est là qu'on trouve en effet, les vestiges et les traces incontestables d'une industrie qui répondait aux besoins,d'unepopulation agglomérée : tuiles et poteries y étaient d'un usage commun et journalier, comme le prouvent encore leurs nombreux débris mêlés à la terre. Un examen attentif permet de constater aisément que cette industrie remonte à l'époque gallo-romaine, c'est-à-dire au temps où les Romains, ayant envahi les Gaules, y apportèrent leur savoir-faire et leur civilisation, de 50 avant Jésus-Christ jusqu'au IV" siècle. Confirmation de cette époque est d'ailleurs donnée par les monnaies romaines découvertes en ces lieux.
Nous avons conservé dans les archives de la paroisse les effigies de quelques unes, de deux, en particulier, qui ont pu être déchiffrées par de savants numismates, un « Titus », empereur romain de 79 à 81 après Jésus-Christ, et un « Gallus », de 281 à 283. Ces monnaies sont en cuivre rouge, avec effigie très saillante. On a aussi découvert un sarcophage (cercueil) taillé dans la pierre, paraissant remonter à cette époque.
Le chemin très anciennement pavé, qui traverse cette coltine, est aussi une autre preuve, comme le nom de la colline elle-même, qui est un surnom d'origine latine : terra bene data, ou terrabenedicta : terre bien donnée, ou terre bénite.
Comment, et à quelle époque, fut détruite cette colonie déjà en progrès de civilisation ? Nous l'ignorons. Mais c'est vraisemblablement au cours d'une de ces invasions barbares, fréquentes vers la fin du 11e siècle, alors que l'Empire romain, en décadence, ne protégeait plus suffisamment les colonies gauloises. On s’imagine alors une de ces terribles troupes pillardes faisant tout à coup irruption dans un village isolé, sur la lisière des bois, et on peut se représenter ce qui pouvait se passer alors : une bataille générale des hommes, jusqu'au dernier, les uns pour se défendre, les autres pour piller, les vainqueurs (les pillards) achevant la ruine du village en mettant le feu aux pauvres huttes, généralement construites de bruyères et de torchis, et rapidement réduites en cendres, au point qu'on ne rencontre plus, sur te terrain, de fragments de vaisselle brisée pas plus que de pierres de construction.
En descendant la colline et en suivant le vieux chemin pavé, dit chemin de Mauzé, nous rencontrons sur la gauche un lieu connu sous le nom de « Croix Bourreau », ce qui semble indiquer qu’il y eut là anciennement un de ces arbres de justice où l’on pendait les criminels condamnés à mort. C’était toujours sur une hauteur et sur le bord d’une voie publique. On y laissait les cadavres quelque vingt-quatre heures, suspendus à la vue des passants et cela pour servir d’exemple public. On a découvert à cet endroit, dans un champ, plusieurs sépultures. Les morts paraissent y avoir été enterrés sans cercueil.
Le doyen Michaud a été témoin et a assisté à la mise à jour de l’une de ces sépultures, aux environs de 1880. Il a pu constater que le mort avait été enseveli dans de la chaux vive, les ossements étant blanchis et très friables. Il y avait aussi, dans cette sépulture, deux urnes funéraires en poterie grise, analogue à celle dont on voit les débris à La Benâte, et une petite soucoupe en terre rouge qui portait, gravée à la pointe du couteau, sur les bords intérieurs, une petite guirlande de feuilles de vigne très finement dessinée. Enfin, on trouva une urne en verre très oxydé, qui s’effrita au contact de l’air.
Après « Croix Bourreau », tout à fait au fond du vallon formé par les deux collines de la Benâte et de Poléon, se trouve Bois-Fontaine, site charmant, plein de fraîcheur et de végétation. Dans ce lieu, comme l’indique son nom, il y a bois et fontaines.
Anciennement, il se nommait « Fons foudrée », c’est-à-dire fontaine effondrée ou terre mouvante. C’est là que le ruisseau le « Curé » qui prend sa source sur le territoire de la commune de Saint-Georges-du-Bois et donne son nom à toute notre vallée, après avoir disparu sous terre pendant plus d’un kilomètre, reparaît à la surface et vient se confondre avec les sources de Bois-Fontaine. Là, il contribue à former un magnifique vivier dont les eaux retenues par un empellement donnent une chute d’eau qui, autrefois, faisait tourner un moulin. Il faut noter que ce cours d’eau ne tire pas son nom d’origine de notre mot français « Curé » mais du mot latin « Curere » qui veut dire « courir » et que, par conséquent, ce n’est pas le village où il prend sa source qui lui a donné son nom, de même que ce n’est pas lui qui a donné son nom au village.
Que ce vallon ait été habité dès les temps les plus reculés, la tradition ne nous rapporte rien à ce sujet mais il est probable que les peuples les plus anciens, vraies tribus errantes, qui cherchaient des pâturages, de l’eau et des bois pour les besoins de leurs troupeaux et d’eux mêmes, sont venus de bonne heure se fixer en ces lieux.
Au Moyen Âge, Bois-Fontaine était une terre franche et une gentilhommerie. Nous trouvons confirmation de ce fait dans un acte des archives paroissiales, où il est dit que: « Les terres de Bois-Fontaine sont les seules où le curé de dîme pas » (NDLR : ne perçoit pas la dîme, ou dixième des revenus). Nous ne connaissons rien de plus sur Bois-Fontaine jusqu’en 1663, date que nous retrouvons dans les registres de la paroisse : « Le 6 janvier, a été enterré dans l’église le. corps de Marie Fruget, décédée à l’âge de 33 ans, dans sa maison de Bois-Fontaine, épouse de l’honorable Pierre Jouhot ».
Depuis cette époque, Bois-Fontaine a successivement appartenu aux « Becquets, sieurs de Bois-Fontaine », aux « Le Gendre de Bois-Fontaine », aux « de la Jallet », aux « Pierrugues de Marlay ».
Bois-Fontaine ne paraît pas avoir joué un rôle important durant le Moyen Âge. C’est un simple domaine sur la lisière de la forêt de Benon, véritable oasis, abrité des vents du nord, de l’est et du sud par des chênes séculaires et de grands taillis. L’habitation actuelle est un simple logis, avec façade au sud et au nord, construit sur terrasses, qui n’a de remarquable que les deux grands piliers du XVIIesiècle qui soutiennent la grille d’entrée de la cour d’honneur. Un perron élevé de plusieurs marches donne accès aux appartements. La face nord a vue sur le vivier dont les eaux limpides, par de nombreux méandres, forment plusieurs îlots plantés d’arbres exotiques. Après avoir traversé le vivier sur deux parcelles, on accède au logis, de ce côté-là, par de petits sentiers gracieux et fleuris, conduisant à la terrasse et au logis lui-même. Ce domaine est actuellement habité par la comtesse veuve « De Limur du Harlay ».
Nous allons abandonner, un instant, cet historique, plus que centenaire, de la commune de Vouhé, dû à un curé de la paroisse, pour donner de Bois-Fon¬taine une description beaucoup plus récente, extraite de « Châteaux, manoirs et logis de la Charente-maritime (1993) » : « Au milieu de peupliers et de platanes, à l’orée du bois qui porte son nom, Bois-Fontaine se cache aux regards dans ce lieu magique où coule le Curé. Le couvert d’une vigne vierge dévorante donne beaucoup de charme et confère une sorte de secret à ce logis du XVIIIe siècle d’une très belle qualité de construction. L’histoire du domaine garde encore toute sa part de mystère ».
L’histoire du domaine de Bois-Fontaine garde encore sa part de mystère. Seuls quelques noms de propriétaires sont connus. Au début du XVIIe siècle, Benjamin Châtaignier, écuyer, fils de Pierre, seigneur de Cramahé (sur le territoire de la commune de Salles sur Mer) et de Marie- Leroy, portait le titre de seigneur de Bois Fontaine. Il mourut sans postérité en 1642; il avait pour héritier son neveu, Roc Châtaignier, écuyer, sieur de Cramahé. Plus d’un siècle plus tard, en 1754, les archives conservent le nom Jean Faustin Béquet de Bois-Fontaine, ancien officier d’infanterie, habitant le logis, héritier, avec ses trois soeurs, de la cinquième partie dé la seigneurie de Bois-Fontaine, suite au décès de Marie-louise Béquet, survenu en 1747.
Selon deux actes notariés de 1750 et 1752, la seigneurie était évaluée à 9.500 livres, somme qui montre que le domaine devait être particulièrement modeste.
La façade sud est incontestablement de bonne facture. La porte principale ouvre sur un large perron ; trois fenêtres l’accostent de part et d’autre. Sous le toit de tuiles à quatre pentes, il n’y a pas d’étage. Des bâtiments viticoles bien construits font face à ce côté de la demeure. Il n’en est pas de même au nord où les ailes ajoutées postérieurement ont détruit l’harmonie d’une façade qui demeure encastrée entre des éléments sans élégance. Cinq belles baies s’y ouvrent cependant, donnant sur le parc tandis qu’une sorte de galerie couverte édifiée plus récemment, soutenue par des colonnes, en altère singulièrement le caractère (« Châteaux, manoirs et logis de la Charente-Maritime », année 1993, page 83).
Reprenons, après cette parenthèse, le cours de l’historique de notre commune dû, rappelons-le, à un ancien prêtre de la paroisse .
De tout ce que nous avons dit jusqu’ici sur les origines les plus anciennes de Vouhé, ressort un fait à retenir: c’est que nos vallons furent habités depuis les temps les plus reculés, comme le prouve la « Grosse Motte », nom donné, en Aunis, aux « tumuli gaulois » ou tombeaux de chefs. Or, s’il y avait des chefs, il y avait aussi des habitants. Ce qui le confirme, ce sont les os et silex taillés en pointe de flèche, les massues et les haches de pierre, découverts par hasard à l’occasion de quelques fouilles anciennement pratiquées.
En second lieu, l’époque gallo-romaine nous a laissé des traces incontestables de la civilisation des Romains et de leur industrie. La Benâte en est le témoin. Les nombreux débris de poteries et de tuiles romaines nous indiquent ou semblent nous indiquer qu’il y eut là une fabrique. Les fouilles qu’on y a faites en 1878 ont permis de mettre à jour les fondations d’un établissement quelconque, les nombreux charbons trouvés dans la terre et surtout les monnaies découvertes en cet endroit sont des preuves certaines qu’il avait là, dans les premiers siècles de notre Seigneur Jésus-Christ, une colonie déjà importante par l’impulsion de la civilisation et de l’industrie romaines.
D’ailleurs, le nom de « La Benâte » l’indique : « beata ou benedicta terra », c’est-à-dire terre heureuse ou terre bénite. N’est-ce pas aussi ce qui pourrait indiquer pourquoi les tribus encore barbares, qui vivaient de pillages, firent irruption sur ce point plutôt que sur un autre ? N’est-ce pas parce qu’il y avait là un centre plus riche, qui excitait leur convoitise ? Du reste, ceci expliquerait bien l’acharnement des combattants: les uns (les barbares) pour prendre et les autres pour se défendre, se battirent jusqu’aux derniers, comme le rapporte la tradition des anciens du pays. A la suite de ce désastre, ce qui restait de la Colonie de « La Benâte » vint se joindre au groupe déjà fixé un peu plus loin,à l’ouest, au lieudit « Les Fontaines ».
À la suite de ce désastre, ce qui restait de la colonie de La Benâte vint se joindre au groupe déjà fixé, un peu plus loin à l’ouest, au lieu-dit « Les Fontaines ». Le lieu, éloigné des bois, était traversé par le grand chemin qui communiquait avec le château de Surgères et avec celui de Benon, à peine à 1.500 mètres du château de Puyravault qui, déjà, était un poste fortifié. Là, on était moins exposé aux surprises que sur la lisière des bois.
Placé sur un plateau qui domine toutes les vallées d’alentour, Puyravault du, de bonne heure, être choisi comme lieu de défense locale. Son nom semblait bien l’indiquer « podium rebelli »,ce qui veut dire « pic rebelle »; du reste, on dénommait les habitants « Pyraté et Pyratelles ».
C’est d’ailleurs vers cette époque qu’il faut admettre que les habitants, afin de mieux se protéger, construisirent, à l’entrée du bourg, sur le côté droit de la route allant à Surgères le « Château Gaillard », c’est-à-dire un fort pour leur défense, dont on trouve encore des restes à l’endroit dit « Château Gaillard ».
Enfin, n’est-ce point à cette époque qu’il faudrait faire remonter les premières constructions de l’église de Vouhé ? Il est facile de constater que notre église n’a pas été entièrement bâtie à la même époque. Seuls le sanctuaire et le choeur auraient été construits en même temps, à une période d’ailleurs difficile à déterminer exactement, mais qui parait antérieure à l’an mil. Ce qui don¬nerait raison à l’opinion du savant archéologue M. Gaumon qui prétend que, dès le VIe siècle, toutes les agglomérations chrétiennes un peu importantes avaient déjà leur chapelle.
Pour nous, la raison qui nous porte à croire que la première construction de l’église remonte à cette époque lointaine c’est de constater les besoins qu’avaient les habitants de Vouhé de se garantir contre les surprises des bandes barbares qui vivaient de vols et de pillages. Aussi, n’ayant pas de château fort, ils construisirent une église qui, en cas de besoin, pouvait servir de refuge en attendant les secours du seigneur de Surgères. Ils élevèrent alors des murs très épais, avec des voûtes de pierre; l’édifice était percé de petites fenêtres ouvertes en meurtrières, comme celles que nous voyons du côté nord et qui éclairent le bas choeur. Puis, on creusa ensuite autour de l’église des douves (fossés profonds) qu’alimentait en eau une fontaine voisine.
Il est assez difficile de fixer une date exacte pour la première construction de l’église de Vouhé, mais ce doit être entre le VIIe et le IXe siècle. L’ensemble de l’édifice actuel présente bien les caractères de l’architecture du XIIe siècle, mais on a constaté souvent que des églises construites avant l’an mil portaient déjà les caractéristiques du XIIe siècle et que les progrès de l’architecture étaient plus avancés dans certains points du territoire que dans d’autres. Du reste, voici le fait le plus probant que nous avons sous les yeux : dans un acte de donation rapporté par le père Arcère, nous trouvons le nom de Vouhé écrit pour la première fois. Dans cet acte daté de 989, il est dit « Moi, Guillaume, comte de Poitou, duc d’Aquitaine, je donne un aleu (domaine libre de toutes charges), situé dans la province d’Aulnis, dans la villa appelée « Liguriaco » (Saint Sauveur d’Auniss) et l’église bâtie en l’honneur du Sauveur Jésus-Christ avec les terres, les vignes, les voies et la forêt de Cornet; et je donne dans un autre lieu, dans la villa appelée « Rohore » (Riou) et l’église bâtie en l’honneur de la Sainte Vierge Marie, Mère de Dieu et toujours Vierge, et dans ce même lieu deux moulins à farine, et dans un autre lieu, dans la villa « Voyaco » (Vouhé) encore deux moulins à farine (« duos molinos farinarios ») ». Cet acte est signé de la propre main de Guillaume, de sa femme et de son fils.
Voici ce qu’on lit à la fin de cet acte: « Cette charte est de Guillaume IV du nom, fils de Guillaume tête d’étoupe, et mari de la princesse Emme (ou Emeine) ». Ce prince fonda, de concert avec sa femme, l’abbaye de Maillezais et mourut en 993. La date de la charte est de la seconde année du règne du roi Dagobert, c’est-à-dire de l’an 988.
L’on ne doit pas compter les années du règne de ce prince du jour de la mort d’Hugues Capet, son père, qui décéda en 996. La date que nous cherchons se trouverait alors postérieure à la mort de Guillaume, fondateur de l’abbaye de Maillezais, lequel termina ses jours, comme on l’a déjà dit, en 993.
L’existence, à cette époque, de l’église de Saint-Sauveur-de-Nuaillé ainsi que de celle de Riou, nous amène à penser qu’à cette même époque, Vouhé possédait aussi une église. Il est vrai que le donateur (Guillaume, comte de Poitou, duc d’Aquitaine) ne fait pas don de l’église de Vouhé; mais, dans un acte de donation, on ne cite que les biens que l’on donne, ce que fait précisément ici le donateur, quand il parle de la villa de Saint-Sauveur et de celle de Notre-dame de Riou. Il cite au moins les églises des deux localités, les vignes, les prés, les forêts et deux moulins à farine dans la commune deRiou, tandis que pour Vouhé, où il y avait aussi, à cette époque, des vignes, des forêts et des prairies, il donne simplement deux moulins à farine.
Dès lors, si Guillaume ne cite pas l’église de Vouhé, il ne faudrait pas en conclure qu’elle n’existait pas. L’église actuelle de Saint-Sauveur-de-Nuaillé porte un caractère très ancien, mais elle a été évidemment restaurée à une époque plus rapprochée de nous. Quant à l’église de Riou, d’abord aliénée par la Grande Révolution, elle a été complètement abattue en 1865 par le propriétaire du reste, celui qui donne ces renseignements en a vu les derniers vestiges.
Pour l’église de Vouhé, un examen attentif démontre qu’elle n’était pas à cette époque telle que nous voyons aujourd’hui. Elle est, en effet composée de différentes parties dont la plus ancienne paraît être le choeur où l’on voit encore cette petite fenêtre ouverte en meurtrière au-dessus des stalles des chantres; parallèlement, une autre existait dans le mur opposé où aujourd’hui s’élève un grand arc qui fait communiquer le choeur avec la chapelle de la Vierge. L’abside elle-même paraît avoir été ajoutée beaucoup plus tard.
Maintenant nous allons emprunter aux notes laissées par l’abbé Gatineau, archéologue distingué, médaillé par la Société des arts et monuments historiques du département nommé curé de Vouhé au mois de juillet 1866. Il sus reconnaître la valeur de notre église et mit tous ses soins à faire revivre son antique beauté.
Commençons par le sanctuaire.
Ce sanctuaire en rond-point, en forme de fer à cheval, mesure 5,95 mètres de diamètre et 3,50 mètres de profondeur. Ses murs ont deux mètres d’épaisseur et sont percés de trois fenêtres. De son élévation, nous ne pouvons donner de mesure; par suite de l’enlèvement de la voûte primitive qui a été remplacée vers 1855 par une voûte en plâtre en cul de four, de mauvaise exécution.
Le sanctuaire se divise, en sa hauteur, en trois zones distinctives. La première qui s’élève du pavé à la naissance des fenêtres, est couronnée, dans tout le pourtour de l’abside, d’une frise d’étoiles se déroulant en encorbellement (En saillie) d’un effet très gracieux. Dans les parties où la pierre a pu résister à l’action corruptrice du salpêtre et surtout au vandalisme des marteleurs des époques troublées, cette frise est dans un état de parfaite conservation. On admire, non sans étonnement, le vif des arêtes qui semble sortir tout récemment du ciseau de l’artiste.
Sur cette frise, en ressaut (En saillie interrompant un plan vertical), vient s’appuyer la base des colonnettes qui encadrent les trois fenêtres cintrées, ouvertes en meurtrières, c’est-à-dire s’élargissant à l’intérieur pour laisser passage à la lumière. Cette partie est remarquable par la disposition de ses trois ouvertures, symbole de la Sainte Trinité. Celles-ci reposent sur de gracieuses colonnettes, dont quatre sont décorées de très beaux chapiteaux, les deux dernières se dérobant, par leur position, au regard des fidèles réunis dans la nef, sont restées, probablement pour ce motif, dépourvues de tout ornement. Les premières attirent l’attention tant par le bon goût qui a présidé à leur décoration que par l’heureux état de conservation qui a pu échapper se composer de plusieurs étoiles superposées, d’un ensemble très riche.
Celui de gauche, à la fenêtre du chevet de l’église, est orné de beaux entrelacs (Ornement composé de motifs entrelacés) s’épanouissant en trèfles et se terminant au-dessus de l’angle du tailloir (Partie supérieure d’un chapiteau sur lequel repose la retombée des voûtes) par une chimère (Monstre fabuleux tenant notamment du lion et de la chèvre) aux mâchoires menaçantes. A droite, ce sont des feuillages aigus. profondément fouillés et disposés en encorbellement jusqu’au tailloir. Enfin, à la fenêtre de droite, nous retrouvons des entrelacs simples, mais d’heureuse disposition.
A hauteur du tailloir des chapiteaux règne, sur tout le pourtour des fenêtres, un double. cordon de perles plates donnant naissance à la troisième zone qui ne se distingue que par le bel effet des grands cintres encadrant les ouvertures dont il vient d’être question. Dans les murs, il existait autrefois, à droite et à gauche de l’autel, deux ouvertures dont on n’a pas pu reconnaître la destination, probablement des dépôts pour recevoir les objets nécessaires au culte. Une de celles-ci, du côté de Évangile (à gauche) a été complètement murée par des briques, à l’époque de la restauration du sanctuaire et l’autre a été aménagée pour recevoir les burettes (crédence ou console).
Ce charmant sanctuaire encadre maintenant un très bel autel de pierre de style roman, bijou de l’art, taillé sous la direction d’un bénédictin (père Beni) qui dirigeait, au début du XIXe siècle, un atelier de sculpture à Poitiers.
La fenêtre du fond est illustrée d’un très beau vitrail représentant Notre Dame de l’Assomption, patronne de notre paroisse. Le vulgaire appui de communion, qui servait primitivement, a été remplacé par une sainte table en pierre sculptée dans le style de l’autel et complète ainsi très heureusement le sanctuaire.
Deux colonnes cylindriques parfaitement sculptées se dressent à l’entrée du sanctuaire. Ces colonnes étaient destinées à recevoir l’arcade qui, elle-même, supportait l’ancienne voûte de la nef plus élevée que celle du sanctuaire à partir de ce point. Cette arcade, qui formait un arc doubleau (Arc qui double la partie intérieure et concave d’une voûte.) avec celui du sanctuaire, a disparu avec la voûte ancienne et n’a pas été refait Nous descendons deux marches et nous nous trouvons dans le chœur : c’est la partie du monument qui paraît la plus antique.
Nous descendons deux marches et nous nous trouvons dans le choeur. C’est la partie du monument qui parait la plus ancienne. Elle était éclairée par des fenêtres latérales, ouvertes en meurtrières, c’est-à-dire en forme évasée, en plein cintre et sans ornement. En voici les mesures 2 mètres d’élévation à l’intérieur, 0,95 mètre à l’extérieur. Une seule de ces ouvertures subsiste encore aujourd’hui, du côté nord, au-dessus des stalles. Celle du côté sud a été, en effet, supprimée à l’époque, XVe siècle, où l’on a construit la chapelle de la Vierge, lorsque l’on a percé dans le mur une arcade ogivale pour faire communiquer cette chapelle avec le choeur. Il existait autrefois, près de la marche du sanctuaire, trois dalles funéraires juxtaposées de front qui marquaient l’emplacement où reposaient les restes de trois prêtres. Ces dalles ont été recouvertes par le pavé de ciment qui existe actuellement. Elles paraissaient avoir été fouillées pendant la Révolution. Deux d’entre elles étaient brisées par le milieu. L’église se divise, dans sa longueur, en cinq travées. Le sanctuaire forme la première d’entre elles et le choeur (chorus) la seconde. Nous descendons trois marches et nous voici dans la troisième le transept c’est-à-dire dans la partie transversale de l’église qui formait une croix latine avec les deux chapelles s’allongeant au nord et au sud. Nous nous trouvons en face de deux gros pilastres qui marquent l’entrée du choeur, composés chacun de trois colonnes saillantes sur trois faces surmontées de leurs chapiteaux bien conservés, ils soutiennent l’arc triomphal de cette partie. Les chapiteaux très bien sculptés, représentent plusieurs chimères qui semblent symboliser les péchés capitaux. Une de ces chimères, à la tête de dragon, avec sa langue fourchue, symbolisé la médisance. Une autre, qui représente un lion avec une tête humaine et une main aux doigts écartés à la place de la barbe, semblerait signifier l’orgueil par la force, et la gourmandise par la main à la bouche.
Nous remarquons ici que la base de toutes les colonnes de la nef est sur le même et unique plan au niveau du sol, parce que s’il y a une marche à l’entrée du choeur et deux à l’entrée du sanctuaire, elles ont été établies postérieurement et empiètent sur la base des colonnes.
Ici, vers 1876, en faisant gratter les murs décrépis, on a mis à découvert des traces de peintures murales sur la surface plane de l’angle formé par les deux piliers dont nous venons de parler. Sur le pilier du côté Nord faisant face aux fidèles, où l’on voit aujourd’hui une statue du saint Curé d’Ars, et à cette même hauteur où est la statue, on pouvait voir une peinture représentant le crucifiement du martyr saint André, au moment où deux bourreaux tirent sur les bras de la croix en X sur laquelle il est attaché, puis, très bien dessiné, en face, à genoux au pied de la croix, un personnage en manteau noir; on pense que c’est l’apôtre Saint Paul. Cette peinture était encore très reconnaissable ; malheureusement, les iconoclastes (ceux qui détruisent ou proscrivent les images), avaient tellement martelé les visages qu’on ne pouvait les reconnaître. Au-dessus, il y avait une autre peinture dont nous n’avons pu avoir que quelques traces, parce qu’elle disparaissait au fur et à mesure qu’on voulait la dégager de l’enduit sur lequel elle était peinte.
Du côté parallèle, devaient exister pareillement des peintures dont il restait à peine quelques traces. En continuant à nous avancer dans la nef, nous trouvons de chaque côté supportant l’arc de la 4etravée, au lieu de colonnes, simplement deux pilastres (Pilastre: colonne plate engagée dans un mur et formant une légère saillie) de surface plane, dépourvus de chapiteaux, qui supportent l’arcade séparant cette travée d’avec sa voisine. On se demande pourquoi cette absence de colonne ; il est probable que là se terminait la partie la plus ancienne de l’église primitive et que, plus tard, l’espace devenant insuffisant pour la population, on démolit le mur de clôture où devait se trouver une façade on suppose que ce sont les restes de ce mur ainsi démoli qu’on a ménagés pour servir de support à ladite arcade et à la voûte .
Les piliers de cette travée sur lesquels l’arcade vient s’appuyer sont absolument nus, sans chapiteau ni cordon saillant Les deux travées qui suivent ont été construites dans le même style et fusionnent gracieusement avec l’ensemble de l’édifice primitif. Deux colonnes, cylindriques avec chapiteaux, engagées dans le mur supportent l’arcade de la quatrième travée. Cette partie de la nef a ceci de remarquable que les colonnes qui supportent les arceaux s’élèvent en forme évasée pour recevoir la retombée des arceaux sur leurs chapiteaux, de telle sorte qu’un croirait reconnaître le symbolisme de la barque de Pierre plus évasée à la poupe qu’à la proue. Ces chapiteaux sont aussi intéressants que les autres, mais on les distingue difficilement parce qu’ils ont été badigeonnés de chaux sans ménagement par le pinceau des ouvriers.
Quant à la cinquième travée; elle se trouve coupée en deux par un péristyle intérieur de quatre marches qu’il faut descendre pour pénétrer dans l’église. Les voûtes primitives, malheureusement ont été abattues au cours des guerres et révolutions. Mais, les arceaux primitifs ayant été conservés, les voûtes ont pu être refaites de sorte que notre église présente, dans son ensemble, une nef romane très régulière. Il faut aussi remarquer qu’à l’exception des deux petites fenêtres éclairant le choeur, une seule fenêtre romane dans le mur de la façade, au dessus du portail d’entrée, servait à éclairer la nef, d’autres ont été percées depuis.
Nous remontons les marches de édifice et nous sortons. En nous retournant, nous avons devant nous la façade extérieure qui n’est pas la façade primitive. Cette façade a, en effet, été refaite au commencement du XVIe siècle comme l’indique le style ogival du portail, avec une simple archivolte (Moulure sur la tête des pierres d’une arcade.) qui vient s’appuyer sur un groupe de colonnettes se terminant par une tète de chimère. Cette façade est surmontée d’un double campanile dont les proportions sont bien observées et don¬nent un aspect conforme au monument Cette façade et ce campanile sont actuellement flanqués de deux contreforts (Pilier, saillie, ou mur servant d’appui à un autre mur qui supporte une charge (une voûte, par exemple).plus récents, de chaque côté, pour en maintenir la solidité.
Dans cette partie externe de l’église, les murs de la nef ont, en effet, été baissés d’environ un mètre; de ce fait, le campanile, se trouvant plus isolé du reste de l’édifice, menaçait de se détacher du monument, d’où la nécessité de contreforts.
Nous avons donné la description complète de la nef principale de notre église qui ne mesure, dans sa longueur 32 mètres, compris le sanctuaire et jusqu’à la porte principale: nef divisée en cinq travées coupées par une série de colonnes qui supportent la voûte.
Nous allons maintenant nous intéresser aux chapelles latérales existant sur le côté Sud et présentant un réel intérêt
Au XIIe siècle, à l’époque où fut allongée la nef, on construisit deux chapelles, une de chaque côté de l’église, qui donnèrent à l’édifice la forme d’une croix latine. Malheureusement, la chapelle du côté nord fut détruite durant les guerres du XVIe siècle, comme en témoignent une colonne du pilastre (Colonne plate engagée dans un mur) encore apparente, mal engagée dans le mur du côté nord ainsi que de nombreux débris de pierres taillées que l’on découvre sur ce point, à l’extérieur. Sur les quatre piliers qui formaient la travée du transept, devait aussi exister, à la même époque, une coupole intérieure surmontée d’un clocher de style roman. Sur le côté sud, entièrement conservé, s’ouvre un arceau de style ogival, avec une voûte de même style en moellons noyés dans le mortier. Le petit portail est surmonté d’un oculus (Fenêtre ronde en forme d’oeil) à quatre feuilles également taillées en forme ogivale, qui éclairait seul cette partie de l’église. Cette partie de l’édifice mesure, dans sa longueur, dix mètres depuis l’ogive de la nef jusqu’à la porte. En admettant que l’autre partie, du côté nord, soit du même style et de mêmes proportions, les deux bras de la croix formaient deux chapelles latérales de dix mètres chacune. Si l’on y ajoute les cinq mètres de largeur de la nef, nous avons alors vingt-cinq mètres de traversée, ce qui donnait à l’église, en effet, là forme complète de la croix latine.
Ces deux chapelles n’étaient pas éclairées sur les côtés, et la grande arcade ogivale qui donne maintenant accès dans la chapelle de la Vierge n’est qu’une ouverture qui fut percée dans le mur de ce transept pour communiquer avec cette nouvelle chapelle, construite entre le bras de la croix du transept et le chevet de l’église, vers le XVIe siècle, comme l’indique le style des fenêtres, style ogival (tardif) de l’époque de la Renaissance.
Cette chapelle construite aux alentours du XVIe siècle était ce qu’on appelle une chapelle sépulcrale, où certaines familles avaient droit de sépulture. Une autre arcade, semblable à celle percée dans le mur du transept fut également ouverte dans le mur de la nef pour mettre cette chapelle en communication avec le choeur de l’église et lui donner vue sur le sanctuaire. Il existait là, sans doute, auparavant une petite fenêtre semblable et symétrique à celle qui existe encore au-dessus du banc des chantres.
Les familles qui avaient bâti des chapelles de ce genre avaient le droit d’assistance aux offices et de sépulture, comme le témoignent encore les fragments de plusieurs pierres qui portent les inscriptions funéraires.
Cette chapelle fut en partie ruinée pendant les guerres contre les Anglais. Elle a été heureusement restaurée avec intelligence et bon goût par les soins de l’abbé Gâtineau, curé de Vouhé. C’est grâce à cette restauration que nous avons un beau spécimen d’architecture de la Renaissance avec toute sa voûte entière et deux fenêtres géminées ogivales surmontées de rosaces découpées, fenêtres qui avaient été autrefois murées c’est notre belle chapelle actuelle de la Vierge, qui était anciennement dédiée à saint Jean l’apôtre.
Nous avons ainsi terminé la description intérieure et primitive de notre église, Il nous reste à découvrir l’extérieur.
Intéressons-nous maintenant à l’extérieur de l’église.
L’édifice actuel, dans toute sa longueur extérieure, mesure 35 mètres. La façade est nue, percée d’un portail ogival, dont l’arcade principale, rappelons-le, repose de chaque côté sur deux petites colonnes, l’ensemble étant encadré d’un archivolte dont les extrémités se terminent par deux têtes de chimères. Ce portail est surmonté d’une fenêtres percée à la hauteur des voûtes, seule ouverture qui existait anciennement pour éclairer l’intérieur de la nef. Le pignon se termine par un double campanile aux belles proportions où se trouvaient autrefois deux cloches. Cette façade mesure 7 mètres de larges sur 15 mètres de hauteur. Il faut encore remarquer sur cette façade une série transversale de pierres saillantes dont la présence ne s’explique que par l’existence, jadis, d’un « balai » ou auvent auquel elles servaient d’appui. Ce balai remplaçait le porche qui existait toujours dans les églises les plus importantes et sous lequel assistaient aux offices, les jours de fête, les fidèles qui ne trouvaient place à l’intérieur de l’édifice. Ces auvent servaient aussi à abriter les gens éloignées qui restaient là, pour attendre, d’un office à l’autre. C’est aussi là qu’on faisait les annonces publiques. On y voit alors des pierres servant de siège et souvent une pierre, plus élevée d’une marche ou deux, sur laquelle montait l’officier public chargé de faire les annonces officielles. C’est là qu’on devisait entre les offices, qu’on échangeait les différentes nouvelles du jour et même qu’on traitait les marchés. La supposition n’est pas téméraire en ce qui concerne notre église, puisque ce balai. existe encore dans plusieurs églises des environs à Saint-Saturnin-du-Bois, à Saint-Jean-de-Liversay.
Il y avait, dans le campanile, deux cloches dont les procès-verbaux de bénédiction subsistent dans les archives de la paroisse l’une, datant de 1710 qui a disparu. Celle qui existe actuellement a été bénite en 1778 on lit :
« Parrain, très haut et puissant seigneur Jean, François, vicomte de la Rochefoucauld, chevalier des ordres du roy, maréchal de ses camps et armées, seigneur baron de Surgères, Vouhé, etc. Marraine, très haute et puissante dame, Anne, Sabine, Rosalie et Chauvelieu, vicomtesse de la Rochefoucauld, dame de Surgères, son épouse. Lavouzelle, fondeur) la Rochelle, l’an 1778. Je pèse 443 kilos »
Cette cloche est classée parmi le monuments historiqués, ainsi que la croix du cimetière datant de 1740, comme on le voit gravé sur un des croisillons. Il existe aussi dans l’église une pierre sacrée en ardoise, également classée. Cette pierre porte sur son revers une inscription tracée à la pointe du couteau et conçue en ces termes :
« Jacobus Basard rector juhus ecclesiae sacrum hunc lapidem, impetravit ad honorem Beatae Mariae Virginis anno 1664 d. d. Henricus de Lavai, espiscopus Rupellensis, consecravit hune lapidem »
Jacques Basard, curé de cette église, a obtenu cette pierre sacrée en l’honneur de la Bienheureuse Vierge Marie, l’an 1664 : Henri de Lava, évêque de la Rochelle, a consacré cette pierre.
Dans Sa longueur, l’église est flanquée, de chaque côté, de six contreforts correspondant aux arceaux intérieurs qui supportent la voûte de pierre, afin d’empêcher l’écartement des murs. Dans son ensemble, notre église représente bien l’architecture du XIIe siècle.
Côté sud de l’église, sur l’extrémité du transept, existe une façade très intéressante de style Renaissance.
Sur l’extrémité du transept sud existe une façade très intéressante, de style Renaissance. L’ogive du petit portail est formée d’un double arceau dont les deux extrémités reposent sur un groupe de colonnettes engagées dans le mur, d’un très bel effet. Un archivolte orné de dents de loup profondément creusées et bien conservées encadre l’arcade et se termine par deux tètes de chimères.
A quelques mètres plus haut existe une rosace formée de quatre feuilles détaillées également en ogive. Ce portail se trouve sur l’extrémité de la croix du transept qui existe encore avec sa voûte primitive, tandis que, du côté nord, le bras de la croix a complètement disparu le vide a été rempli par une maçonnerie mal jointe permettant de constater l’existence d’une construction qui s’étendait plus loin. D’ailleurs, les nombreuses pierres taillées qu’on trouve là sont les témoins de l’existence d’une construction ancienne qui a disparu.
La chapelle de la Vierge est d’une époque plus récente que celle de l’ensemble de l’église. Elle est bâtie dans le style de la Renaissance et semble être de la première moitié du XVIe siècle style beaucoup plus décoratif que le style roman : Les deux fenêtres, dans leur hauteur, sont divisées par une colonne surmontée d’une rosace très détaillée et fort bien conservée. Cette chapelle fut construite longtemps après l’église primitive dans l’angle extérieur sud-est formé par le chevet et le bras de la croix du transept dont nous venons de parier.
La chapelle de la Vierge était comme cela se rencontre souvent à cette époque (de la Renaissance) destinée à l’usage spécial d’une ou de quelques familles qui avaient droit réservé de sépulture et d’assistance aux offices. Lorsque cette chapelle fut construite, on ouvrit extérieurement deux arceaux dans les murs de la nef et du transept pour la mettre en communication avec le reste de l’édifice. On remarque encore que ces deux arceaux n’ont pas la même forme et qu’ils ne sont pas pratiqués jusqu’au milieu des murs latéraux. Un M. Martin, chirurgien,.dont nous avons retrouvé le nom dans les archives paroissiales et dont une pierre tombale a révélé la sépulture de famille, semble avoir été le donateur de cette chapelle. Les Mauclerc, les Béquet-de-Bois-Fontaine y avaient aussi leur sépulture, comme en font foi les archives de la paroisse qui existent encore à la mairie.
Maintenant ; nous arrivons au chevet ou abside de l’église, qui est de construction ancienne avec les trois petites fenêtres romanes qui éclairent le sanctuaire; mais il lui manque son couronnement qui était une survoûte en pierre, en forme d’artichaut renversé qui, primitivement; lui servait de toiture et son entablement (Couronnement d’un édifice) orné de modillons (Ornement en forme de console renversée, placée sous la saillie d’une corniche) sculptés qui formaient une couronne très intéressante. Tout cala a disparu dans le cours des évolutions anciennes. En sommes, notre petit sanctuaire avait la forme et le même style que ceux de l’église du Surgères. Deux colonnes qui font saillie ont perdu leurs chapiteaux elles avaient pour but de remplacer les contreforts pour contrebuter le poids de la toiture et des voûtes. En observant bien la situation et le niveau du terrain sur lequel repose la base de ces deux colonnes, on peut penser qu’il existe on dessous du sanctuaire une crypte ou un ossuaire. Il y a aussi un contrefort du côté nord dont la forme et la disposition semblent mériter une attention toute particulière.
Il nous reste à aborder le symbolisme religieux de la construction tout entière. Dans les premiers siècles du christianisme, les architectes qui construisaient nos églises étaient tous chrétiens et ils ne dressaient jamais un plan d’édifice pour le culte divin, sans rechercher un symbolisme. Le plan de l’église de Vouhé à la forme d’une croix latine, symbole de notre rédemption, c’est-à-dire de notre salut par le Christ; l’édifie est orienté, c’est-à-dire que son chevet, où se trouve l’autel, est tourné vers l’Est, conformément à l’idéal de l’Apocalypse où il est dit que c’est de l’Orient que nous est venu l’Évangile; c’est aussi de l’Orient, où se lève le soleil, que nous vient la lumière du Christ. Et c’est aussi de l’Orient que reviendra un jour, le Christ pour juger tous les peuples. Et c’est de cette pensée qu’est venue la pratique, longtemps suivie, d’orienter la sépulture des chrétiens, les pieds du côté de l’Orient et la tête à l’ouest afin qu’au jour de la Résurrection finale, ils se lèvent face au Christ venu juger le monde.
Il y a un symbolisme en maintes parties de l’édifice : les trois fenêtres de l‘abside signifient les trois personnes de la Trinité, toutes trois égales en toutes choses. Là où il y a douze colonnes qui soutiennent l’église, le nombre douze symbolise les douze prêtres qui soutiennent l’église ; s’il y a dix colonnes, ce sont les dix préceptes du Décalogue.
Puisque nous avons parlé du vieux clocher qui devait contenir deux cloches disparues depuis longtemps, nous pouvons donner les procès-verbaux de la bénédiction des deux autres qui les ont remplacées :
1° « Le 21 mars 1701, Bagard a béni une cloche pesant 400 livres, ou environ, que le sieur Jean Martin, maître chirurgien, et dame Marie Jacob, ont nommée Marie-jeanne, dont ils ont été parrain et marraine, en présence de nous soussignés Bagard, prieur de Saint-pierre, archiprêtre de Surgères, Gaborit, curé de Puyravault ; J. Martin, fabriqueur, Hillerin, Marie Jacob, etc. »
2° « Le onzième mars 1770, a été bénie une cloche pesant 443 livres par maître Nivet, curé de Virson, doyen de la Conférence d’Aigrefeuille, que M. C. René, intendant de M. le Vicomte de la Rochefoucault et Mme Marie-Renée Charpentier, épouse de M. Henry Charles de la Périère, chevalier, seigneur de Roiffé, chevalier de l’ordre royal et militaire de Saint Louis, lieutenant des maréchaux de France, ont nommée Françoise-Rosalie, comme parrain et marraine aux lieu et place de très haut et puissant seigneur ,Jean-François de la Rochefoucault ; chevalier des ordres royaux, maréchal de ses camps et armées, seigneur baron de Surgères, Vouhé, etc. et de très haute et puissante dame : Anne-Sabine-Rosalie de Chauvelieu, vicomtesse de la Rochefoucault, dame de Surgères, son épouse, leurs représentants, qui ont signé : Marie-Renée Charpentier de la Périère ; Nivet ; curé de Virson Osmont ; curé de Puyravault C’est cette dernière cloche qui demeure actuellement dans le campanile de Vouhé. On lui attribue une très grande puissance pour éloigner les orages Le campanile actuel, qui a remplacé l’ancien clocher (situé vraisemblablement à la croisée du transept), manifeste qu’il a été construit pour avoir lui aussi deux cloches. »
Le cimetière :
Comme toujours et partout; le cimetière entourait l’église. C’est que, dans les premiers âges de l’ère chrétienne, l’église était le centre de la famille paroissiale : cette église que tous avaient contribué à édifier, les uns par leurs oboles, les autres par leurs bras, en aidant les ouvriers, en amenant les matériaux à pied d’oeuvre. Bref, cette église était vraiment la leur. Aussi chaque famille pouvait-elle dire qu’elle avait une pierre dans l’édifice sacré. Autour de celui-ci s’agitait et se développait la vie civile et intellectuelle. À peine l’enfant était-il venu au monde qu’il était porté à l’église, pour être consacré à Dieu. On lui donnait un nom par lequel il était reconnu dans la communauté. C’est dans l’église, foyer de la vie intellectuelle, que tous venaient puiser les principes de la morale qui forme la conscience par l’enseignement du Décalogue et de l’évangile et tous les principes de la civilisation chrétienne. À l’église, tout le monde avait sa place : pauvres ou riches, chacun venait y partager les joies ou les deuils qui se succèdent au cours de la vie. Et c’est pourquoi, à l’heure de la mort il fallait encore trouver une place dans le lieu saint où le défunt avait puisé, par la foi, les espérances de l’au-delà. Tous auraient voulu être inhumés dans l’édifice sacré qui est la maison du bon Dieu. Mais l’église n’aurait pas suffi pour tous et serait devenue une nécropole insuffisante et malsaine. Or, en creusant les fondations de l’édifice, on avait rejeté à l’extérieur les terres qu’on extrayait et qui formaient une ceinture autour du lieu saint en même temps que l’église avait été consacrée au culte divin et bénit les terres de fondation avaient été, elle aussi, consacrées et bénites. C’est là que devaient reposer les membres de la famille chrétienne c’est ce qu’on appelait « reposer dans la terre bénite ».
Le cimetière étant un lieu sacré, il fallait le préserver de toutes profanations autant que l’église. C’est là que, chaque dimanche, en se rendant aux offices, chaque famille venait prier sur les sépultures des ancêtres, marquées d’une simple croix qui souvent ne portait aucun nom mais les familles savaient où étaient les leurs.
De plus, à Vouhé, le cimetière était entouré d’une douve qu’on avait creusée pour préserver l’église des brigandages communs à cette époque. Ainsi, les terres extraites des douves formaient un rempart qui garantissait et le cimetière et l’église. Et l’on voit encore deux ormeaux, plusieurs fois centenaires, qui paraissent être nés sur les limites du cimetière.
Il y avait aussi des sépultures dans l’église, c’était un privilège spécial réservé à quelques membres de la société chrétienne, tels que les prêtres ou les bienfaiteurs de l’Eglise. Au XVIe siècle, on trouve fréquemment des chapelles particulières accolées aux murs extérieurs de l’église et destinées aux sépultures de certaines familles ou d’un groupe qui obtenait d’y être enseveli et d’assister là aux offices. On trouve ces chapelles dans presque toutes les églises ce sont les chapelles mortuaires. A Vouhé, l’ancienne chapelle mortuaire est l’actuelle chapelle de la Vierge.
Ainsi s’achève l’étude historique réalisée il y a environ un siècle par un curé de la paroisse de Vouhé.
L’origine possible du nom de notre commune.
Dans un intéressant ouvrage intitulé « Origine des noms des villes et villages de Charente-Maritime » paru en 1998 aux Éditions Bordessoulles à Saint-Jean-d’Angély, Jean-Marie Cassagne et Stéphane donnent au nom de Vouhé l’origine suivante :
« Vouhé est l’héritière de l’ancienne Voiacum ou villa de Voil. Le village s’est donc développé autour du domaine de Voius (ou Votus), un riche propriétaire terrien de l’époque gallo-romaine. Ce que les Romains appelaient Ôvillaô constituait en fait une immense exploitation agricole couvrant parfois une centaine d’hectares. On trouvait dans cette ôvillaô la maison du maître, les logements des esclaves et des bâtiments agricoles (forges, remises). Les ouvriers logeaient dans des bâtiments séparés dont la réunion donnera naissance à un village qui prendra souvent te nom du domaine. Il est aisé d’identifier des anciennes ôvillaô, car leurs noms modernes se terminent soit en ôacê dans les pays de langue d’Oc (Cognac, Jonzac, Jarnac, etc.) soit en ôayô ou ôéô dans les pays de langue d’Oil (Aytré, Aulnay, Bernay, Charentenay, etc.) ».